Skelets numériques

Quand il y a une file de potis qui vous passe devant, il vaut mieux la laisser passer. On ne traverse pas un torrent d’enfants en espérant avancer plus vite qu’eux. Ça me force à ralentir et à considérer que je ne suis pas seul·e dans la rue.

Cet inconfort révèle une part de moi qui craquelle le récit que je me fais de moi même.

Une potite qui s’arrête à l’angle de la rue. Son père lui demande si elle veut être portée. Par un habile transbordement de kid que seule l’aisance d’un parent qui manipule souvent des corps d’enfants permet, il la fait tourbillonner jusqu’a ce qu’elle atterisse sur ses épaules, un grognement sonore concluant le mouvement

Un corps, on l’habite. Une personne bourrée m’a dit qu’elle aimait bien ce que je dégageai. Le Aranet Home en mousqueton me donne l’air cool on dirait. Après m’être assuré qu’il avait un endroit où rentrer, je lui ai souhaité une bonne soirée.

Les lumières rouges et vertes des feux dans la nuit, c’est ça le facisme aussi, il est banal dans nos vies nos corps nos lignes de métro mais il y aura toujours la lumière et les courbes d’un immeuble pour se souvenir de la beauté et préparer sa renaissance.

Entendu aujourd’hui: “on a bien construit une identité nationale sur la base de raisin fermenté et de lait moisi”.

J’aime la tarte tatin au navet et les discussions jusqu’à tard le soir. Une valise oubliée qui me coûtera un peu d’argent - et m’apportera une bonne leçon d’humilité.