Skelets numériques
L'idée de justice
Amartya Sen
L’idée de justice est un bouquin qui traînait depuis longtemps dans ma pile à lire. Pour la petite histoire, je l’avais acheté sur liseuse mais cet engin du démon a décidé d’arrêter de marcher. Et même si elle avait été fonctionnelle, j’avais fait l’erreur d’acheter le livre avec DRM. Impossible de le prêter ou de l’interopérer. En désespoir de cause j’ai racheté un exemplaire physique, et nik les DRM.
Cette fiche de lecture est incomplète; je la complèterai suite à une relecture rapide.
De quoi ce livre parle, donc? L’idée de justice décrit différentes manières de concevoir la justice, du point de vue de l’auteur. On manie souvent le concept de justice souvent à tort et à travers (un peu comme le terme “éthique”, employé tant par des ingénieurs de l’armement chez Thalès que chez des militants féministes). J’étais donc curieux de voir comment il était possible de décortiquer cette idée.
Amorce: l’histoire des trois enfants
Le livre commence par une expérience de pensée. Trois enfants se disputent la possession d’une flûte. Le premier est un artiste talentueux, le deuxième le fabricant de la flûte, le troisième n’a que peu de possessions matérielles. Les trois revendiquent l’usage de la flûte.
Tous sont légitimes, la question n’est pas de savoir lequel on préfère mais bien comment on décide de répartir nos ressources, et ce qu’il est souhaitable de faire à ce sujet. Idée de base de l’ouvrage: s’intéresser à ce que signifie la justice. L’auteur s’appuie sur une théorie de la justice formulée par Rawls et s’en éloigne par différents points. N’étant pas un fin connaisseur de cette théorie, j’ai consacré moins de place à résumer cette partie.
Deux grandes tendances coexistent dans les Lumières :
- concevoir un idéal de justice avec des institutions et des comportements qu’on suppose parfaitement juste
- identifier dans une situation donnée comment la rendre moins injuste, améliorer l’état de justice actuel Avec un apport éclairant de philosophies non occidentales (ce qui relève d’un intérêt personnel: une grande partie du mode de pensée occidental et de ses conséquences peuvent être rattachées à des idées issues des Lumières)
Séparation entre la niti et la naya: L’ensemble des institutions et des lois, et les comportements jugés comme appréciables ou bons
Raison et objectivité
La justice nécessite d’être dans une situation aussi éloignée que possible de ses intérêts personnels, pour ne considérer que les lois et les faits appliquables aux deux parties. Cela ne signifie pas se reposer uniquement sur des textes abscons, ni être une froide machine à calculer. Les émotions peuvent être un bon indicateur d’une injustice. Trop de tenants de la théorie du choix rationnel l’ont déformé dans la très restrictive direction qui limite choix rationnel à maximisation de son intérêt propre, en ignorant quantité d’autres motifs d’action. D’autre part, une fausse rationalité se voit dans l’injonction au calme ou au maintien du statu-quo (“there is no alternative”). Qu’une idée se construise de manière à devenir incritiquable, et elle exclut de fait toute tentative d’autocritique. Prendre garde aux tenants du “réalisme” qui traitent leurs opposants “d’idéalistes”. La raison est conçue comme une nécessité car la justice est un dialogue entre de multiples acteurs: ce dialogue doit pouvoir se dérouler correctement.
Aller au delà de la pensée de Rawls
Du lien entre les institutions, les personnes et la justice
Ashoka vs Chandra Gupta (pas de promotion de la justice vs les institutions sont là pour créer des incitations à un comportement plus juste). Les deux visions sont incomplètes mais apportent toutes deux un éclairage important. Nécessité de considérer que la justice passe par le comportement des gens au sein du système de justice (PLOT TWIST INCROYABLE). Prédicat de Rawls: une fois les institutions choisies, les membres de la société auront un comportement “raisonnable”, c’est à dire qu’ils abandonnent toute velléité d’intérêt personnel et considèrent la coopération réciproque comme nécessaire. Donc le choix des institutions a pas trop d’influence, pour autant qu’on a des gens raisonnables derrière.
Une personne selon Rawls se définit par:
- Capacité à concevoir le bien, la justice, un désir d’agir selon ces critères
- Si ils croient qu’une institution est juste, ils s’investissent dedans si nécessaire et si réciprocité
- Si d’autres s’investissent, on développe une confiance en eux
- Confiance renforcée si coopération longue et/ou institutions reconnues
C’est cool mais ça demande beaucoup des gens. Comment faire en pratique avec ici et maintenant ?
Galbraith: multiplicité des institutions pour contrôler et équilibrer la puissance d’une seule.
Institutions ne doivent pas être vues comme un exemple de justice (“j’ai des tribunaux donc je suis juste”) mais comme ayant pour objectif de faire progresser la justice (“mes tribunaux sont ouverts à tous et permettent de se faire tenir des procès pour tous et toutes”). Leur choix est important mais ne doit pas être vu comme une fin. Ex du libre échange, de la planification du communisme centralisé… Qui sont en fait super influencés dans leur résultats par des circonstances économiques, culturelles locales. Souci donc: si on définit des institutions en définissant des axiomes de justice (ex de Nozick liberté d’échange), qu’est ce qui se passe si ces institutions causent des perturbations sociales importantes ?
Voix et choix social
À compléter